Fables de
Jean de la Fontaine Retour
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Le Rat de ville et le Rat des champs
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la version de Pierre Perret |
Autrefois le Rat de ville Invita le Rat des champs, D'une façon fort
civile, A des reliefs d'Ortolans. Sur un Tapis de Turquie Le couvert
se trouva mis. Je laisse à penser la vie Que firent ces deux amis. Le régal fut fort honnête, Rien ne manquait au festin ; Mais
quelqu'un troubla la fête Pendant qu'ils étaient en train. A la porte de
la salle Ils entendirent du bruit : Le Rat de ville détale ; Son
camarade le suit. Le bruit cesse, on se retire : Rats en campagne
aussitôt ; Et le citadin de dire : Achevons tout notre rôt. - C'est
assez, dit le rustique ; Demain vous viendrez chez moi : Ce n'est pas
que je me pique De tous vos festins de Roi ; Mais rien ne vient
m'interrompre : Je mange tout à loisir. Adieu donc ; fi du plaisir Que la crainte peut corrompre. |
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Version
de Pierre Perret
Un beau gaspard des champs qui becquetait des radis Carottes et betteraves du
lundi au sam'di Vit un beau château-fort d'allure hospitalière Qui devait
regorger de pain et de gruyère. Déjà, de tous ces mets qui l'ont
affriadé Les effluves parviennent à son fer à souder Allongeant les compas
vers la cité obscure Il voit le rat des villes son compère citadin Qui
l'invite à croquer un festin d'Epicure. Aimez-vous le gruyère, dit-il, sinon,
j'ai du boudin" Le fromgi encagé qui descend du plaftard N'a pas le temps
d'arriver, y'a un os quelque part, C'est l'alerte qui sonne et son pote qu'a
verdi A déjà planquousé la tortore à l'abri. Le tumulte s'apaise et nos
deux gastronomes S'apprêtent à briffer enfin le fromtegom, Mais à peine
attablés c'est encore le chambard et voilà la bectance qui repart au
plaftard. Le rat des champs enfin trouv' complét'ment idiot Le fromage en
prison qui arrêt' pas son yo-yo Et fuyant en courant avant d'êt
siphonné Il revient à son champ mastèguer ses navets. Morailté: (Je dirais
malgré tout que:) Du caviar dans l'métro à l'heure d'affluence Vaut mieux
qu'un p'tit radis machouillé dans l'silence.
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