Contre
les assauts d'un Renard Un arbre à des
Dindons servait de citadelle. Le perfide
ayant fait tout le tour du rempart, Et
vu chacun en sentinelle, S'écria : Quoi
! Ces gens se moqueront de moi ! Eux
seuls seront exempts de la commune loi !
Non, par tous les Dieux, non. Il accomplit
son dire. La lune, alors luisant, semblait,
contre le sire, Vouloir favoriser la
dindonnière gent. Lui, qui n'était novice
au métier d'assiégeant, Eut recours
à son sac de ruses scélérates, Feignit
vouloir gravir, se guinda sur ses pattes,
Puis contrefit le mort, puis le ressuscité.
Harlequin n'eût exécuté Tant de
différents personnages. Il élevait sa
queue, il la faisait briller, Et cent
mille autres badinages. Pendant quoi
nul Dindon n'eût osé sommeiller : L'ennemi
les lassait en leur tenant la vue Sur
même objet toujours tendue. Les pauvres
gens étant à la longue éblouis Toujours
il en tombait quelqu'un : autant de pris,
Autant de mis à part ; près de moitié
succombe. Le compagnon les porte en
son garde-manger. Le
trop d'attention qu'on a pour le danger
Fait le plus souvent qu'on y tombe.
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